DU 3 AU 17 MAI 2009
12 Artistes plasticiens de Roumanie
LA DECOUVERTE D’UN UNIVERS DE VALEURS
Le Projet Artistique du Cambrésis est beaucoup plus qu’une réunion des artistes plasticiens provenant des différents pays, même si cette rencontre se passe au nom d’une passion commune. Pour les organisateurs, elle est la confirmation d’une remarquable capacité de créer des évènements, d’une manière constante, avec des excellents résultats. En même temps c’est l’achèvement d’une volonté d’ouverture vers le monde européen des arts plastiques, une quête d’une spécificité locale et régionale, une synthèse entre le spectacle et la tradition.
D’ailleurs, il s’agit d’une association, forte de douze ans déjà dans le domaine des évènements de ce genre, et surtout dans l’art des créer des liaisons entre les artistes qui vivent si loin les uns des autres. Par le « projet Roumanie» qui est mis en œuvre cette année, « Arts en Cambrésis » devient aussi un partenaire du Pays que je représente en France.
L’exposition actuelle est le résultat des contacts entamés bien auparavant entre l’association et les artistes roumains du Département de BISTRITA, des liaisons, bâties sur les fondements des valeurs artistiques réciproquement partagées. Elle renforce une coopération féconde, devenue tout à fait normale, dans un monde ouvert, où les valeurs se trouvent dans une communication perpétuelle. L’idée d’une telle exposition est d’autant plus remarquable qu’elle met en contact deux régions de nos deux pays, en découvrant des spécificités assez méconnues du grand public, et en mettant en évidence des domaines artistiques qui n’occupent pas nécessairement le devant de la scène. Des œuvres de la poterie et de la verrerie, toute une symbolique de la tradition roumaine, transmise depuis des générations dans le nord de la Roumanie, voilà tout un univers d’images et d’idées auquel l’accès n’est pas du tout simple. C’est le mérite des organisateurs et de leurs partenaires institutionnels, celui de faire, d’apporter un éclat de cet univers dans la région de CAMBRAI, en créant ainsi une relation spéciale entre les traditions du nord-ouest de la Roumanie et celles du nord-ouest de la France.
Ce n’est pas une symétrie strictement géographique, mais plutôt un trait commun, qui tient au vécu artistique et à la communication essentielle qui dépasse de loin le protocole d’une réunion culturelle internationale. Voila pourquoi la série d’expositions « Projet Roumanie » ouvre une perspective nouvelle, réellement originale, sur un pays très proche de la France, mais en même temps, pas suffisamment connu dans le fin tissu de ses valeurs.
C’est maintenant une excellente occasion pour le public français de faire cette découverte.
Téodor BACONSCHI
Ambassadeur de Roumanie en France
« Arts en Cambrésis », comme Jean Paul Lemaire, son Président, aime à le rappeler, est une association d’amateurs, mais des amateurs au sens le plus noble du terme. Arts en Cambrésis se passionne pour l’art, aime les œuvres et ceux ou celles qui les créent, avec l’envie et la volonté de partager cette passion avec le plus large public possible. L’association n’a pas de ligne artistique, ses choix sont éclectiques. Elle n’a pas non plus de stratégie définie, elle fonctionne aux coups de cœur.
Des rencontres et des coups de cœur, il y en a eu beaucoup depuis sa création en 1997. Depuis douze ans, en effet, Arts en Cambrésis propose un parcours d’expositions avec des artistes de pays, d’horizons, de sensibilité, de culture différents. La plupart de ces artistes ont laissé une ou plusieurs œuvres en dépôt pour constituer ce qui est devenu la Collection d’Art Contemporain, mise à la disposition des structures ou des municipalités qui le souhaitent. Beaucoup des artistes qui ont exposé (marocains, belges, brésiliens, sénégalais, hongrois, italiens, artistes du Nord et d’ailleurs) sont fidèles au rendez-vous annuel de « Mai en Cambrésis ». Pour eux, comme pour le public cambrésien, l’évènement est devenu incontournable. C’est l’occasion de découvrir de nouvelles œuvres, de nouveaux talents, de faire connaissance mais aussi de se revoir, de partager ensemble des moments d’amitié et de convivialité.
Cette année sera consacrée à des artistes de Roumanie. C’est mon coup de cœur et je remercie les membres d’arts en Cambrésis d’avoir accepté de le partager. Je ne résiste pas à vous en raconter le détail : C’est sans a priori mais aussi sans enthousiasme particulier que j’ai accepté, en avril 2007, d’accompagner un groupe de lycéens à BISTRITA, ville de Transylvanie en Roumanie.
Surpris par la présence d’une galerie d’art, située en plein centre ville, rien ne laissait pourtant prévoir, qu’une belle aventure artistique et humaine m’attendait derrière la porte que je poussais avec beaucoup de curiosité. Mon premier contact avec la Galerie d’Art de l’Union des Artistes Plasticiens, superbe espace, dans un bâtiment avec arcades donnant sur la Place Centrale, avec des ateliers d’artistes donnant sur une cour intérieure, s’est heurté à la barrière de la langue.
Ce n’est que le lendemain, aidé par un jeune étudiant bilingue, que nous avons pu faire connaissance et que j’ai demandé s’il était possible de rencontrer quelques artistes. C’est à ce moment précis, que j’ai vu arriver, revenant de faire ses courses, un couple qui m’a très naturellement emmené dans un atelier. Un atelier d’artiste reste un lieu magique pour un amateur d’art, et j’ai découvert ce jour là des œuvres fortes et très originales. En plus de l’émotion artistique, il y avait dans l’accueil de Vioara Popescu Dinu et de Marcel, son mari, un courant particulièrement sympathique et chaleureux. Lorsque je les ai quittés, j’ai eu la conviction intime que notre rencontre ne resterait pas lettre morte. L’opportunité de les revoir se présente en mars-avril 2008, grâce à la Maison de la Culture et des Loisirs de POITIERS qui m’attribue une « carte blanche » pour son projet « Dérives et Continents ». Je me vois responsable du choix des artistes à inviter. L’idée est de réunir des artistes de pays et de culture différents (ca vous rappelle quelque chose ? Eh bien oui, c’est pour cette raison qu’Arts en Cambrésis sera sollicité comme partenaire de l’opération). Sérgio Bello, plasticien Brésilien et Cheikh Diouf, sculpteur sénégalais représentent les continents sud-américain et africain que la géologie a séparé puis éloigné l’un de l’autre au fil des millénaires.
Quant au continent européen, les deux pays les plus éloignés sont la Roumanie et la France et je pense naturellement à Vioara pour me rejoindre dans cette aventure. Sérgio est déjà bien connu des cambrésiens, mais Cheikh Diouf et Vioara Popescu Dinu, profiteront de leur résidence pour faire le déplacement de Poitiers et découvrir « Mai en Cambrésis ». Le pique-nique traditionnel, les visites des différents lieux d’expositions, le contact avec les artistes, les membres d’Arts en Cambrésis et de « Printemps Roumain » ainsi qu’avec le public cambrésien, … les voila conquis !
Le Sénégal ayant déjà été mis à l’honneur, l’idée est née d’inviter les artistes de Roumanie et de Bistrita, ville de résidence de Vioara. C’est donc une sélection d’artistes jeunes et moins jeunes, au talent confirmé ou prometteur qui témoigneront de la vitalité de l’art contemporain Roumain. Ces artistes réussissent à réconcilier Modernité et Traditions, car quel que soit leur parcours créatif, celui-ci n’est jamais déconnecté complètement de leurs racines. Ils ont réglé, une fois pour toutes, le combat stérile des « Anciens » et des « Modernes » et sont avant tout, contemporains de leur temps, intégrant les évolutions du monde, sans renier leurs traditions. La culture roumaine est à la charnière du monde occidental et du monde oriental. La Roumanie a été également influencée par la France du XVIIIème et son Siècle des Lumières. Depuis une vingtaine d’années, il est à déplorer que « notre petite sœur des Carpates » (titre d’un ouvrage de Michel Soulard – éditions des 2 mondes) a subi injustement une dégradation de son image, parce que médiatiquement caricaturée et réductrice.
« Roumanie 2009 » sera l’occasion pour les artistes invités de montrer, à travers leurs œuvres, une image de la Roumanie contemporaine. Leur ardeur picturale ne date d’ailleurs pas d’hier, il suffit d’avoir visité la récente exposition des « Fauves Hongrois » du Musée Matisse de Le Cateau pour s’en rendre compte. Fin XIXème et début du XXème siècle, des artistes hongrois, attirés par l’art moderne français, viennent s’inspirer des peintres avant-gardistes français et retournent installer une véritable colonie d’artistes à Nagybanya (ville hongroise par son appartenance à l’Empire austro-hongrois) mais dont le nom actuel est Baia Mare en … Roumanie !
Avec l’espoir de vous transmettre un peu de mon enthousiasme, je vous souhaite bonnes visites à tous.
Artiste plasticien - Membre d’Arts en Cambrésis
